ORIENT 2020: TURQUIE, BILAN ET PERSPECTIVE
L’Empire ottoman, issu d’un beylicat autonome au sein de l’Empire turco-perse seldjoukide, et bâti sur les ruines de l’Empire byzantin, deviendra pendant plusieurs siècles, l’un des plus vastes et puissants empires de l’histoire, s’étendant sur une grande partie du monde musulman, de l’Europe centrale jusqu’au golfe Persique, de l’Afrique du Nord à la Mer Caspienne. Un empire qui se composait d’une multitude de langues, de peuples et d’ethnies avec des composantes diverses plus au moins autonomes (provinces, beylicats, vilayets, chérifats, etc.) qui deviendront pour l’essentiel des pays qui composeront ce qu’on appellera par la suite le monde arabe, au Proche-Orient et en Afrique du Nord. L’essentiel du monde musulman n’a pas pu résister à la puissance des Ottomans, à l’exception notamment du Maroc et de l’Iran, c’est ainsi que l’Empire s’est étendu jusqu’aux portes de Vienne. Dirigé par des sultans de descendance turque, ayant eu les titres turc de khan, iranien de padischah ou musulman de calife, comme successeurs du Prophète de l’islam, régnant sur des populations non seulement turques, mais aussi arabes, berbères, juives, kurdes, roumis (chrétiens de l’ancien Empire byzantin), arméniennes, etc., en ayant adopté le persan comme la langue diplomatique et de la cour, l’Empire ottoman a forgé une nouvelle civilisation héritière de diverses cultures et a connu des heures de gloire et de décadence, notamment ce qui est qualifié de génocide arménien, mais remis en cause par la Turquie moderne.
Ayant des différentes alliances avec des puissances européennes , c’est à l’issue de la Première Guerre mondiale que l’Empire ottoman disparaît après la défaite de l’alliance des empires allemand, austro-hongrois et ottoman. L’Empire est divisé et plusieurs nouveaux États naissent qui deviendront pour grande partie membres de la future Ligue arabe, mais l’Anatolie turque se préserve avec la création de la République de Turquie par Mustafa Kemal qui deviendra Atatürk, le père de la nation turque moderne et héros de la guerre de l’indépendance turque suite à l’occupation des alliés en territoire d’Anatolie. C’est avec la révolution kémaliste et le régime à parti unique que la République laïque et moderniste turque réalise une « occidentalisation » et laïcisation forte de la société notamment avec les aspects visibles de la mode vestimentaire et l’abandon de l’alphabet traditionnel du turc osmanli au profit de l’alphabet latin. Avec la fin de la période kémaliste, la Turquie retrouve progressivement le multipartisme et les forces religieuses gagnent du terrain et une instabilité politique chronique s’installe avec des pouvoirs militaires et civils qui se succèdent jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan du parti islamiste Justice et Développement (AKP). Au pouvoir depuis 2003, il fut d’abord Premier Ministre, et en amendant la constitution turque, il « présidentialise » l’État turc et devient en 2014 le premier Président de la République turque élu au suffrage universel. Objet de ce qui est qualifié par le gouvernement turc d’une tentative de coup d’État en 2016, des officiers de l’armée et des personnalités politiques opposants ou dissidents sont accusés de l’avoir fomenté. Membre de l’OTAN, candidat à l’adhésion de l’Union européenne, avec une stabilité politique et économique relativement pérenne malgré des contestations depuis sa prise de pouvoir, le Président Erdogan est accusé par certains observateurs et ses opposants d’autoritarisme et de tentatives de défaire l’héritage laïque kémaliste, sans oublier la problématique kurde qui divise le pays. De plus en plus influente dans la région la Turquie intervient directement dans des conflits de la région qui composait autrefois l’Empire ottoman, notamment en Syrie et en Libye, la Turquie joue aussi un rôle important dans la gestion de la crise migratoire syrienne et l’utilise dans ses négociations avec l’Union européenne.
C’est donc à l’aube de la nouvelle décennie que la Turquie est au cœur de différents enjeux majeurs régionaux et internationaux et sur le plan interne l’heure est de faire le bilan de presque 20 ans de pouvoir de M. Erdogan.
Afin de mener à bien cet évènement, nous aurons le plaisir d’accueillir deux intervenants experts :
Dorothée Schmid, chercheur, Responsable du programme Turquie contemporaine et Moyen-Orient de l'Ifri
Nicolas Monceau, maître de conférences en science politique à l'Université de Bordeaux, spécialiste de la Turquie
ORIENT 2020: ASIE CENTRALE, BILAN ET PERSPECTIVE (webinaire)
Cette région au cœur de l’Asie, foyer des grandes civilisations, est un carrefour culturel et linguistique, et a joué un rôle important dans la vie des grands empires depuis les Perses Achémenides jusqu’à l’Union soviétique.
Très tôt habitée par des peuples indo-européens, l’Asie centrale est considérée comme le berceau de Zarathustra, le fondateur de l’une des religions les plus anciennes de l’humanité qui deviendra le fondement civilisationnel du monde iranien. Les célèbres régions de Sogdiane et de Bactriane ont été d’une importance majeure pendant l’Antiquité. Avec l’arrivée de l’islam, cette région historiquement zoroastrienne, avec une influence bouddhiste, due à son positionnement de carrefour au cœur de l’Asie, devient un foyer culturel important de la civilisation islamique.
Région voisine du berceau des peuples turco-altaïques venant des steppes de la Mongolie, cette région joue un rôle majeur dans la création et l’expansion des empires des conquérants turco-mongoles. C’est depuis cette même région que la langue persane s’est préservée et s’est développée avec la renaissance de la culture persane, menacé suite à la chute des Sassanides, grâce aux dynasties turco-persanes notamment les Samanides ou les Timourides, devenus des figures emblématiques pour les nations modernes post-soviétiques dans la région.
De Samarcande et Boukhara jusqu’à Khwarezm et Merv, cette région regorge, durant l’Âge d’or médiéval d’Orient, des cités foisonnant d’art, de culture et de savoir, au cœur de la Route de la Soie.
Enjeu de pouvoir à cheval au milieu des empires perse, chinois et russe avec des khanats et royaumes entre autonomie et appartenance aux empires, c’est finalement au XIXe, notamment avec le traité d’Akhal entre l’Iran des chahs Qadjars et la Russie impériale des tsars, que cette région s’intègre définitivement dans l’Empire russe, à l’origine, par la suite, de la création des Républiques socialistes, au sein de l’Union soviétique. Durant la période soviétique, notamment sous Staline, les frontières entre ces différentes républiques soviétiques sont dessinées et cette région devient le cœur des projets nucléaires et spatiaux de l’Union qui marqueront la Guerre froide.
À la chute de l’URSS, ces anciennes républiques soviétiques à majorité musulmane deviennent indépendantes avec la création des républiques de Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Turkménistan, assistant à la renaissance des identités historiques de cette région, où les langues iraniennes et turco-altaïques redeviennent des langues nationales à part entière et où notamment la fête ancestrale de Norouz reprend avec vigueur.
Riche en ressources d’hydrocarbures, avec des États en expansion économique jouissant d’une stabilité relativement durable, mais parfois critiqués par certains observateurs d’autoritarisme, cette région se trouve désormais au cœur des Nouvelles routes de la Soie et des projets d’intégration régionale et trans-régionale qui reconfigureront l’économie mondiale dans la décennie à venir, notamment l’Eco et l’Union eurasiatique, entre la Chine, la Russie et l’Iran.
ORIENT 2020: TUNISIE, BILAN ET PERSPECTIVE (webinaire)
La Tunisie, pays méditerranéen par excellence, à la croisée de la culture musulmane et du monde africain, dispose d’une riche histoire, depuis la culture capsienne, les comptoirs phéniciens et la civilisation carthaginoise jusqu’aux périodes ottomane et française en passant par les royaumes berbères de Numidie et l’Empire romain ainsi que les périodes islamiques des califats et de l’Ifriqia.
Ce territoire de presque 164 000 km2, avec une population de 12 millions d’habitants enrichie par ses diverses influences orientales et méditerranéennes, a acquis son indépendance en 1956 avec la fin du protectorat français. La monarchie tunisienne est définitivement abolie en 1957 avec la fin du beylicat en Tunisie, issu de l’Empire ottoman avec une autonomie certaine et préservé durant le protectorat français. La Tunisie se marque déjà comme étant un pays musulman progressiste avec l’adoption des codes de loi qui s’émancipent de la loi religieuse traditionnelle en vigueur dans la plupart des pays musulmans, notamment par le code du statut personnel.
La création de la République tunisienne est marquée par la figure centrale de Habib Bourguiba, héros de l’indépendance et à la tête du parti Néo-Destour, un temps Premier ministre du dernier bey et ensuite élu premier président de la République.
Progressivement le Président Bourguiba dirige le pays sans partage, avec l’interdiction des partis politiques d’opposition et notamment le parti communiste. La Tunisie devient alors un pays à parti unique au profit du parti présidentiel Néo-Destour.
Pendant les années 1980, le pays traverse des périodes de crise politique et économique et avec la dégradation de la santé du président Bourguiba, les luttes de succession s’intensifient. C’est finalement le Premier ministre Zeyn el-Abedine Ben Ali qui prend le pouvoir en déposant le président pour sénilité, un acte politique qui a été qualifié par les observateurs de coup d’État médical.
Le président Ben Ali, allié de l’Occident et déterminé à lutter contre les velléités islamistes se pose en sauveur de la Nation et réussit à réunifier la scène politique et améliorer la situation économique à la sortie de la période Bourguiba.
Progressivement le président Ben Ali est critiqué par des observateurs et des opposants d’autoritarisme et de népotisme. Avec des changements constitutionnels, il élargit les pouvoirs présidentiels en supprimant les limites d’âge et de mandats.
Pays, en proie à une crise économique et à un mécontentement de plus en plus grandissant, est devenu le premier pays arabophone qui a été le théâtre des manifestations et des émeutes pour un changement de régime, pionnier de ce qu’on a appelé par la suite le « Printemps arabe ».
« La Révolution de Jasmin » triomphe et le Président déchu trouve refuge en Arabie saoudite. Une longue transition se met en place avec de vifs débats politiques entre les différentes tendances politiques dans une Tunisie où le pluralisme est retrouvé, notamment entre « laïcs » et islamistes du célèbre parti Ennahda, présidé par M. Rached Ghannouchi, de retour d’exil en Tunisie. C’est alors, le moment de vifs débats sur la nouvelle constitution tunisienne qui sera finalement adoptée en janvier 2014.
Suite à l’intérim, le premier président post-révolution est un célèbre militant des droits de l’homme, Moncef Marzouki, élu par l’assemblé constituante et battu à l’élection au suffrage universel par un vétéran de l’indépendance tunisienne et un célèbre ministre du président Bourguiba, M. Béji Caïd Essebsi, à 88 ans. Une élection saluée par la communauté internationale marquant « la réussite de la transition démocratique » en Tunisie devenant ainsi le seul pays du « Printemps arabe » qui y est parvenu. Les attentats terroristes marquent ce pays qui tente de consolider sa jeune nouvelle démocratie. Le pays continue, selon sa vieille tradition, des tentatives de réformes juridiques dites progressistes, notamment pour l’émancipation des femmes tunisiennes.
Le décès du président BCE en 2019 donne lieu à des élections précoces qui verront l’élection surprise d’un candidat en dehors du monde politique traditionnel, un sobre professeur de droit constitutionnel, M. Kaïs Saïed.
La décennie qui vient de s’achever a été le théâtre de la révolution tunisienne donnant lieu à un changement de régime et la nouvelle décennie commence avec l’élection d’un nouveau président qui change la donne tunisienne.
Afin de mener à bien cet évènement, nous aurons le plaisir d’accueillir deux intervenants prestigieux :
Sophie Bessis : Chercheuse associée à l’IRIS, spécialiste des relations Nord/Sud, des questions africaines et du Maghreb
Vincent Geisser : Docteur en science politique, chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe contemporain à l'Iremam (CNRS)
ORIENT 2020: CAUCASE (AZERBAIDJAN, ARMENIE, GEORGIE), BILAN ET PERSPECTIVE (webinaire)
Au carrefour des civilisations, la région du Caucase jouit d’une diversité ethnique, linguistique, religieuse et culturelle exceptionnelle. Cette région est considérée comme l’une des régions les plus densément diverses au monde où différents acteurs historiques se disputent des intérêts, mais aussi des territoires, sources de conflits et de ruptures. Avec une histoire plurimillénaire, le Caucase a été convoité et a intégré les plus grands empires: Perses, Romains, Byzantins, Turcs, Russes, etc. C’est d’abord les Perses achéménides qui intègrent cette région dans leur empire en y laissant leur forte empreinte. C’est dans cette région que verra le jour le premier État chrétien de l’histoire, le royaume d’Arménie, créant une civilisation autonome qui se préservera à travers les siècles. Des dynasties turques s’y installent durablement où une fleurissante culture turco-persane se développe pendant des siècles, de la Géorgie à l’Azerbaïdjan, et où la Géorgie continue d’affirmer sa particularité culturelle, notamment par la résistance du fait religieux, entre appartenance aux empires et indépendance de son royaume.
C’est finalement à l’issue des guerres russo-persanes au XIXe siècle que l’Iran des chahs Qadjar cède définitivement les territoires du Caucase à l’empire russe du tsar, c’est-à-dire les territoires d’au-delà de la rivière d’Araxe, où s’est fixée la nouvelle frontière entre les deux empires perse et russe. L’Azerbaïdjan historique se retrouve donc divisé entre l’Iran et la Russie. À l’époque soviétique, les trois pays principaux du Caucase du Sud, la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan constituent des républiques soviétiques au sein de l’Union, jusqu’à son effondrement. C’est à ce moment-là que des républiques indépendantes sont déclarées à l’aube de la décennie 1990.
Les intérêts entre les États de la région divergent, d’un côté entre la Russie et la Géorgie qui disputent des territoires et des intérêts notamment dans les régions abkhaze et ossète ou de l’autre notamment le conflit durable du Haut Karabagh (Artsakh) entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, pour lequel une guerre meurtrière a déchiré les deux pays et aucune solution pérenne n’y a été trouvée.
C’est donc ces multitudes d’enjeux qui continuent d’animer cette région si particulière du monde, au croisement entre l’islam et le christianisme, partagée entre des cultures et des civilisations bien distinctes et située entre les grands anciens empires qu’étaient l’Iran, la Turquie et la Russie.
Afin de mener à bien cet évènement, nous aurons le plaisir d’accueillir quatre intervenants prestigieux :
Gevorg Melikyan : Chercheur en relations internationales
Farid Shafiyev : Chairman of Center of Analysis of International Reelations in Baku
Thornike Gordadze : Enseignant-chercheur à Sciences Po (Paris, Lille), ancien vice Premier-ministre de la Géorgie
ORIENT 2020: PETROMONARCHIES DU GOLFE PERSIQUE, BILAN ET PERSPECTIVE 2020
Les pays arabes du golfe Persique constituent ensemble un pôle de pouvoir économique et géopolitique important au sein de cette région. Des monarchies traditionnelles arabes qui ont été confrontées à une modernisation rapide depuis la deuxième moitié du XXe siècle notamment grâce à l’explosion de leurs revenus d’hydrocarbures. Souvent peuplées plus d’expatriés, des cadres occidentaux ou des ouvriers asiatiques, que des locaux, ces principautés traditionnelles arabes sunnites d’organisation sociale tribale ont été projetées dans la modernité et sont devenues des villes-monde, créant des problématiques sociales et politiques particulières. Des modèles économiques qui ont triomphé ces dernières décennies mais qui commencent à montrer aussi leurs limites.
Toutes membre du Conseil de Coopération du Golfe (Persique), les pétromonarchies arabes du golfe Persique regroupent notamment les 7 émirats de la fédération des Emirats Arabes Unis, l’émirat du Qatar, le royaume du Bahreïn, et l’émirat du Koweït.
Elles constituent le pôle financier et commercial de la région et regorgent de réserves d’hydrocarbure, avec un positionnement géographique stratégique, entre le monde iranien et le monde arabe, le monde sunnite et le monde chiite, au croisement des pôles de pouvoir au sein de la zone de l’Asie du Sud-Ouest. Ils ont opté pour une politique d’influence internationale extrêmement développée, ils investissent dans de divers projets d’envergure, du mécénat artistique aux sports, en passant par les industries et l’immobilier ou encore le luxe à travers le monde, notamment en Europe et en France, dans le cadre d’une politique de soft power qui dépasse largement, la seule région du Moyen-Orient. Applaudies pour leurs réussites économiques et leur ouverture au monde, mais elles demeurent critiquées pour la situation des droits de l’homme et leur influence religieuse et politique jugées parfois négative dans d’autres pays musulmans mais aussi les pays occidentaux à forte minorité musulmane, elles demeurent des alliées privilégiées de l’Occident dans la région. Certaines sont entièrement acquises à la cause saoudienne, d’autres nourrissent une rivalité plus ou moins prononcée. C’est le cas notamment du Qatar qui a subi un boycott général par l’Arabie saoudite et ses alliés dans la région, provoquant une fracture entre les pétromonarchies du golfe Persique, en 2017. Divisées à propos de l’attitude à prendre face à la guerre de leadership irano-saoudienne et en rivalité dans leurs politiques d’influences au Proche-Orient et en Afrique du Nord, elles se préparent pour confronter les mêmes défis en cas d’un possible conflit entre l’Iran et ses alliés d’un côté, l’Arabie saoudite et le camp occidental de l’autre.
Dirigés par des jeunes princes à l’instar de Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, l’émir du Qatar et le Mohamed ben Zayed Al Nahyane, prince héritier d’Abou Dhabi, ces pétromonarchies sont au croisement des chemins et la nouvelle décennie peut constituer un moment de basculement dans ces pays.
C’est ainsi que l’Institut Meydane a invité des illustres experts de la question des pétromonarchies arabes du golfe Persique pour faire le bilan et l’analyse prospective, à l’aube de nouvelle décennie, dans le cadre du Cycle Orient 2020.
Afin de mener à bien cet évènement, nous aurons le plaisir d’accueillir quatre intervenants prestigieux :
Jean-Marc Rickli: Directeur des risques globaux et de la résilience au Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) et chercheur-associé au King’s College de Londres.
Francis Perrin: Directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste des problématiques énergétiques.
Alexandre Kazérouni : Maître de conférences à l'École Normale Supérieure, docteur associé au CERI/CNRS
Stéphane Lacroix: Assistant Professor, Paris School of International Affairs (PSIA) et Département de Science Politique, Sciences Po, Paris. Chercheur associé, Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (CERI)
ORIENT 2020: ISRAEL-PALESTINE 2020, BILAN ET PERSPECTIVE
Cette terre trois fois sainte est l’objet d’interminables conflits et demeure le sujet géopolitique majeur de notre époque.
Cette terre qui a avant tout accueilli le Royaume d’Israël, considéré comme la terre sacrée promise par Dieu au peuple juif depuis les temps bibliques, est aussi le berceau du christianisme et la terre natale de Jésus-Christ. Elle fut la première direction de la prière musulmane où, selon la croyance musulmane, le prophète Mahomet a fait son ascension (voyage céleste nocturne). Cette terre sainte a été convoitée et a intégré les grands empires, notamment l’empire perse, l’empire romain, l’empire musulman califal et plus tardivement l’empire ottoman. Un temps sujet de conflits majeurs entre le monde musulman et le monde chrétien, lors des Croisades, c’est à la suite de la chute de l’Empire ottoman et la répartition du Proche-Orient post-ottoman par les puissances vainqueurs de la Grande Guerre que la question palestinienne est devenue un enjeu majeur.
À la suite de la déclaration de Balfour en 1917, au nom du chef de la diplomatie britannique, auteur de la lettre ouverte au Baron de Rothschild, les aspirations sionistes pour la création d’un foyer national juif en terre de Palestine ont pris une nouvelle tournure. Le Mandat britannique en Palestine, entre 1920 et 1948, a préparé la création d’un Etat juif en terre sainte, reconnu par la communauté internationale mais provoquant l’opposition des Etats de la région. C’est avec l’arrivée des juifs, notamment d’Europe, et l’exode de la population arabe palestinienne ainsi que la déclaration de la création de l’Etat d’Israël, que le nationalisme arabe et le sionisme se sont affrontés. De cet affrontement naît une longue période de conflits avec plusieurs phases de guerre dites guerres israélo-arabes entre 1948 et 1973.
La communauté internationale s’est emparée de la question et a promis, par la voie de résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, deux Etats — l’un israélien, l’autre palestinien, qui vivraient côte à côte et dont les frontières ont été fixées en 1967. La promesse n’a pas été réalisée et le conflit israélo-palestinien, s’enlise depuis des décennies, avec une présence de plus en plus en plus forte des populations juives en Cisjordanie, que certains nomment colonisation et d’autres, implantation.
Palestiniens et Israéliens, et leurs alliés, s’accusent mutuellement de ne pas chercher la paix. D’un côté les Palestiniens sont accusés de terrorisme, de l’autre, les Israéliens sont accusés de crime de guerre.
Sans oublier qu’en 1979, un grand acteur régional se joint à ce conflit. C’est en effet l’Iran révolutionnaire de l’ayatollah Khomeini et ensuite de l’ayatollah Khamenei qui devient le parrain des forces anti-israéliennes en désignant l’antisionisme comme un pilier de la République islamique, au côté de l’anti-impérialisme américain.
Israël, puissance régionale, grand allié de l’Occident, se trouve désormais l’allié objectif de certains Etats arabes, dans une lutte commune contre l’hégémonie iranienne.
Ce conflit s’accélère actuellement depuis l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et sa lutte acharnée contre « l’hégémonie et la déstabilisation iranienne » ainsi que son soutien indéfectible aux politiques de Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien. C’est en effet la reconnaissance américaine de Jérusalem comme la capitale d’Etat d’Israël et de la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan ainsi que le plan de paix israélo-palestinien, présenté par le Président Trump et fixant de nouvelles frontières entre ce que serait le futur Etat de Palestine et l’Etat d’Israël, ouvre une nouvelle ère dans ce conflit interminable à l’aube de la nouvelle décennie.
L’Institut Meydane, cercle de réflexion indépendant et apolitique, tâchera d’ouvrir un débat académique afin de mieux comprendre le bilan et les perspectives de cette terre trois fois sainte, au cœur des enjeux internationaux et régionaux.
Afin de mener à bien cet évènement, nous aurons le plaisir d’accueillir 2 intervenants prestigieux :
Jean-Paul Chagnollaud: Professeur émérite des Universités, président de l’IREMMO (Institut de Recherche et d'Études Méditerranée Moyen-Orient), ancien Doyen de la faculté de Droit de l’Université Cergy‐Pontoise.
Emmanuel Dupuy : Professeur associé à l'université Paris-Sud, Président de l'IPSE (Institut Prospective et Sécurité de l'Europe).
Jean-Claude Lescure: Professeur des universités en histoire contemporaine à l’université de Cergy-Pontoise.
Conférence annulée par l’Université pour des raisons de sécurité.
ORIENT 2020: OMAN, BILAN ET PERSPECTIVE
L’Institut Meydane, fédération d’associations universitaires et cercle de réflexion indépendant pour (Re)penser l’Orient débute pour la première fois un programme intitulé « Orient 2020 ». Ce programme a pour but de réunir des experts afin de discuter des enjeux des 10 dernières années liés au Moyen-Orient, à l’Asie centrale et à l’Afrique du Nord. Il s’étendra du mois d’Octobre 2019 au mois de mai 2020 et traitera de 20 pays/régions du monde au cœur de l’actualité.
Dans le cadre de ce projet, l’Institut Meydane a l’honneur de vous convier à la quatrième conférence de notre cycle qui portera sur le sultanat d'Oman.
Pour s’affirmer sur la scène internationale, une visibilité médiatique et géopolitique semble indispensable. Pourtant, le cas d’Oman constitue un véritable paradoxe tant le Sultanat se montre discret.
Cette discrétion peut être appréhendée de deux manières :
Une première tentative de réponse peut être trouvée dans la difficile opportunité de s’imposer entre les deux puissances régionales que représentent l’Iran et l’Arabie Saoudite, deux acteurs majeurs de la région.
Une seconde réponse réside dans le choix d’une politique extérieure basée sur la non-ingérence et le non-alignement, menée par le sultan Qabous depuis 1970.
Ses récentes prises de positions dans les enjeux régionaux illustrent la cohérence de sa politique déjà mise en œuvre pendant la Guerre Iran-Irak (1980-1988).
En 2011, les manifestations au sein du pays se cristallisent surtout sur une demande d’annulation des crédits personnels auprès des institutions bancaires. Revendications exaucées par l’ouverture du robinet de la rente, créant des emplois dans l’administration et augmentant les prestations sociales, afin d’acheter la paix sociale.
Les relations avec la Syrie n’ont pas été interrompues et Oman ne participe pas à la coalition des pays arabes contre l’EI en Syrie et en Irak aux côtés de l’Arabie Saoudite et de ses alliés, ni aux opérations « Tempête décisive » et « restaurer l’espoir » menée par l’Arabie Saoudite au Yémen.
Ses excellentes relations avec Téhéran vont lui permettre de jouer les intermédiaires entre les Etats-Unis et l’Iran dans les négociations (2013-2015) sur le programme nucléaire iranien.
Son rôle dans la libération d’otages permet au sultan Qabous de façonner son image dans les heureux dénouements, faisant du Sultanat un acteur diplomatique de premier ordre au cœur d’un Moyen-Orient belligène.
Ainsi, convient-il de se demander comment le sultanat s'est forgé, au fil des décennies, la carrure d'un acteur géopolitique incontournable dans une discrétion remarquable ? Quel est le bilan de la dernière décennie? Quelles sont les perspectives et enjeux du sultanat d'Oman pour la décennie à venir?
Ce sont les questions auxquelles tentera de répondre notre conférence en établissant un état des lieux des 10 dernières années pour ensuite s’intéresser au volet socio-économique et politique du pays et proposer une analyse prospective pour la décennie à venir.
Afin de mener à bien cet évènement, nous aurons le plaisir d’accueillir 2 intervenants prestigieux :
Pierre Razoux : Directeur de recherches à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM)
Marc Valeri : Maître de conférences et directeur du Centre d’études sur le golfe Persique à l’Université d’Exeter (Royaume-Uni).
ORIENT 2020: SOUDAN, BILAN ET PERSPECTIVE
Le Soudan, grand pays africain au croisement avec le monde arabe, a été le théâtre des évolutions majeures au cours de la décennie qui vient de s’achever et de grands changements sont attendus pour la décennie à venir.
Un pays divisé entre un pôle tribal traditionnel africain, un pôle de culture arabo-musulmane, un pôle chrétien, un pôle central et un pôle périphérique, sans oublier les spécificités de la région historique de Darfour, le Soudan a traversé des guerres civiles et des crises multiples ces dernières décennies.
A l’issue des accords de paix de 2005, l’événement majeur soudanais du début de la décennie passée fut la reconnaissance de l’indépendance du Soudan du Sud, par le président Omar El Bachir, en 2011 et cette même décennie s’achève sur la révolution soudanaise qui a vu la chute du chef de l’Etat, en 2019, au pouvoir depuis le coup d’Etat de 1989 et poursuivi par la Cour pénale internationale.
Le Soudan vit désormais sous un régime de transition avec un pouvoir collégial nommé le Conseil de Souveraineté.
A la croisée des chemins, comment le Soudan vivra-t-il cette transition, partagée entre tentation de junte militaire et des désirs de démocratie et d’état de droit?
Confronté à une crise économique majeure, comment le gouvernement soudanais pourra-t-il gérer la situation et le futur pouvoir pérenne soudanais aura quels défis à relever pour atteindre les objectifs politiques, économiques et sociaux des aspirations de la société soudanaise lors de la révolution de 2019 tout en stabilisant le pays?
Afin de mener à bien cet évènement, nous aurons le plaisir d’accueillir 2 intervenants prestigieux :
Anne-Laure Mahé: chercheuse Afrique de l’Est à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) et spécialiste en politique comparée et en études africaines.
Marc Lavergne: Géopolitologue, directeur de recherche au CNRS, spécialiste du Soudan
ORIENT 2020: ARABIE SAOUDITE, BILAN ET PERSPECTIVE
L’Arabie Saoudite est une puissance régionale et un acteur majeur au sein du Moyen-Orient.
Ce royaume, allié incontournable de l’Occident et notamment des Etats-Unis dans la région ainsi que le gardien des deux lieux saints de l’Islam, est aussi le garant de la stabilité du marché pétrolier mondial.
Avec un système politique, issu d’une alliance entre un chef de tribu arabe et un prédicateur religieux au XVIIIe siècle, la famille Saoud règne sans partage sur l’Arabie depuis 1932, tout en ayant une alliance solide avec les États-Unis.
Grand pays arabe sunnite, l’Arabie saoudite mène une guerre de leadership avec son rival « perse » et chiite, l’Iran, depuis la révolution iranienne de 1979.
Confronté à des défis majeurs, d’ordre économique, politique, sociétal et géopolitique, le jeune héritier au trône Mohamed Ben Salman, tente de faire entrer son pays dans une nouvelle ère afin de préserver sa place de référence de puissance régionale, mise à mal par l’hégémonie grandissante iranienne, les aspirations de la société saoudienne et des nouvelles problématiques économiques qui bousculent le modèle classique économique saoudien.
L’une des dernières monarchies absolues du monde, critiquée pour sa diplomatie religieuse et sa lecture qualifiée rétrograde de l’islam ainsi que sa situation des droits de l’homme et la place des femmes, sans oublier son rôle dans des guerres interminables, notamment au Yémen, l’Arabie saoudite tente de donner une nouvelle image de son pays dans le monde grâce aux réformes sociétales et économiques.
A l’aube de cette nouvelle décennie, comment l’Arabie saoudite relèvera-t-elle ces défis majeurs, entre désir de progrès et attachement aux traditions, entre participation pleine dans le concert des nations et des pratiques contestées de pouvoir?
Afin de mener à bien cet évènement, nous aurons le plaisir d’accueillir 2 intervenants prestigieux :
Fatiha Dézi-Hani: Chercheuse à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM), spécialiste des monarchies de la péninsule Arabique et du golfe Persique.